RÉCITS DES ÉLÈVES
Une histoire de frontière
Natacha Paquignon
Natacha Paquignon est chorégraphe et danseuse. Elle transmet également le Qi Gong. Sa première rencontre avec le Qi Gong a lieu en 2001 dans le cadre d'une formation en massages de Médecine Traditionnelle Chinoise à l'institut Shao Yang à Lyon. En 2017, elle entre en formation aux Temps du Corps à Paris pour suivre l'enseignement de Maître Ke Wen. Après l'obtention de son diplôme lié à la formation de Qi Gong et méditation, elle poursuit avec la formation de Taiji Qi Dao. Cet enseignement lui permet d'approfondir sa recherche chorégraphique sur la relation entre intérieur et extérieur, entre corps et environnement, et sur des processus d'écriture chorégraphique in situ et spontanés. Dans un environnement peuplé d’outils et de technologies, elle associe aujourd'hui à cette exploration une dimension concernant la relation du corps aux outils et aux techniques. Elle s'intéresse au détournement des outils pour développer une relation poétique, artistique, loin de toute finalité utilitaire.
Danseuse et chorégraphe, le mémoire porte sur le Qi dans la danse.
La 1ère partie est biographique, rappelle la découverte du judo, de la musique et plus spécialement du violon, puis, à 13 ans, de la danse. Mais aussi une relation compliquée à son propre corps. Et enfin les premiers temps de la formation aux Temps du corps, de la réconciliation avec soi. La seconde partie note la convergence entre une certaine conception de la danse et le Qi Gong, et la fécondité d’un travail sur le vide et le plein, le relâchement, la spirale… mais décrit aussi de manière originale la manière dont des corps entrent en contact pour ensuite se redéployer dans l’espace. La relation entre corps et technologies est une autre source d’inspiration du travail professionnel de Natacha Paquignon, c’est-à-dire une autre exploration des « frontières » qu’elle voit comme « l’espace entre, riche et ambivalent, qui laisse passer la relation ». Le mémoire se clôt par l’indication des spectacles auxquels cette recherche a donné lieu ces dernières années.
- La danse comme le Qi Gong appellent à se connecter à la fois à son intériorité et à l’extériorité du monde, de la nature, pour entrer dans une autre relation aux autres êtres.
- On reporte notre attention sur l’énergie à l’intérieur du corps. Puis on va partager cette énergie avec un élément de l’environnement : un mur, le sol, une chaise, un banc, une table, une fontaine, un arbre, la terre... On entre en contact avec cet objet ou cet élément de la nature, on prend le temps de sentir sur notre peau sa matière, sa chaleur, sa forme, sa résistance... On imagine notre peau comme une frontière poreuse qui permet d’échanger notre énergie avec celle de l’élément. On glisse, on effleure, on se pose avec différentes parties du corps. On sent comment on peut s’enfoncer dans la matière, comme si elle était moelleuse, ou au contraire comment elle nous repousse. On porte son attention sur l’espace entre soi et l’élément, sur la relation que nous entretenons. […]. L’élément devient vivant, il réagit et agit.
- On quitte la relation à l’élément, on rassemble à nouveau l’énergie à l’intérieur de notre corps. Puis on va la partager avec une autre personne. On entre en contact avec elle. […]. On retrouve avec une personne la qualité d’échange qu’on a trouvée précédemment. La danse vient de la relation qui se crée, dans l’instant, entre deux personnes, par le contact ». […] Les corps […] peuvent en laisser sortir une partie pour remplir l’espace environnant. […] on choisit une partie du corps par laquelle l’énergie va jaillir à l’extérieur. Une main, un coude, un pied, un genou, la tête, une épaule, le dos, le bassin... Le mouvement est jeté, dynamique, rapide, c’est une impulsion de l’intérieur vers l’extérieur.